Mise au point (PV Libre)

La rentrée s'était à peu près bien passée, comme chaque année en y réfléchissant en fait. Mais cela lui importait peu, il se fichait du monde à partir du moment où le monde ne l'embêtait pas, comme ça tout le monde était heureux. Les cours avait aussi commencé, pour son grand plaisir puisqu'il allait par extension à la bibliothèque, son royaume.

La journée étant finit, il gagna rapidement le pays des livres, sa besace en cuir battant légèrement sa cuisse alors qu'il marchait lentement et silencieusement, évitant habilement les troupeaux d'élèves bruyants, les yeux baissés vers le sol, Mathieu franchit les portes de la bibliothèque en soupirant de soulagement. Avisant Madame Pince qui le regardait avec curiosité, il lui fit un discret mais sincère sourire avant de se faufiler entre les rayons surchargés de livre avant de se refugier dans son coin favoris: un table et une chaise confortable près d'une fenêtre avec vue sur le lac.

Souriant un peu plus, il posa ses affaires et commença à sortir encre et parchemins, regardant la liste de devoirs à faire, grimaçant en voyant qu'il devait faire une trentaine de centimètre sur la divination, matière qu'il trouvait irrationnelle et totalement inutile, soupirant en constant les cinquante centimètres d'astonomie et ricanant en lisant les trois parchemins pour les potions.

Préférant commencer par les choses qu'il aimait le moins, il se rendit dans les rayons de divination et d'astronomie, effleurant tendrement les couvertures en cuirs, respirant avec soulagement le parfum ancien et un peu poussiéreux des livres, une ambiance studieuse et relaxante qu'il appréciait à chaque fois avec plaisir.

- Oh pardon! S'exclama-t-il après avoir percuté quelqu'un, renversant sa pile de livre à terre.

Distrait comme à chaque fois qu'il se sentait bien, Mathieu n'avait pas fait attention et foncer dans quelqu'un, renversant les livres et manquant de se retrouver les fesses à terre.

Bon... Personne à gauche, personne à droite... On y va !

C'est en mode que l'on pourrait qualifier de ninja, que je traversai ce couloir, heureusement pour moi empli de monde. D'ailleurs, tellement bondé, que je pus ainsi éviter cette personne qui me suit depuis la rentrée. Non seulement je ne veux pas savoir qui c'est, mais en plus je m'en fiche.

Sincèrement, si il y a des gens qui ont suffisamment assez de temps pour le perdre, qu'il fasse autre chose que jouer les stalkers, zut ! Surtout que bon, je vais pas passer ma vie à devoir éviter toutes les ombres qui passent !

J'ai de la chance, la bibliothèque, royaume voire même empire !, de Mme Pince où son autorité est loi, la bibliothèque, disais-je, se dressa devant moi, tel un havre de paix.

J'entrai rapidement, sans pour autant me faire réprimander par la dragonne des lieux, car je lui fis mine de ne pas me faire remarquer, on ne sait jamais.

Me faufilant entre les rayons sans idées en tête, je finis par bloquer devant le rayonnage sur les êtres magiques. Non par devoir, mais pas plaisir de la lecture. Ça, et le fait que ça permet de trouver de supers insultes. Je rigole.

Les créatures magiques me passionnent, en fait, mais bon...

M'emparant de plusieurs ouvrages que je n'avais pas encore feuilleté, je décidai de passer par l'allée de la divination, séduit par le fait que peu de personnes y erraient, et surtout par le fait que ma place préférée y aboutissait, place où je pourrais me relaxer tout en savourant le plaisir de s'instruire... Pas pour rien que je me trouve à Serdaigle !

- Oumpf !

Je m'étais pris le meuble dans le bas du dos, ce qui était des moins agréables. Le pire ? Je ne peux jeter la pierre au garçon qui m'est rentré dedans, car je n'étais pas non plus hyper-concentré par ce qui se passait devant moi. En gros, j'étais aussi, si ce n'est plus, fautif que lui.

- C'est pas à toi de t'excuser, mais plus à moi. Je ne regardais pas devant moi, toutes mes excuses. Tu vas bien ? Tu ne t'es pas fait mal ?

{hrp: j'espère qu'elle te plaît ma réponse et qu'elle ne te fera pas fuir c'est une sorte de perche pour faire sortir mon personnage de sa coquille }

Voilà un point qui étonna Mathieu: la personne qu'il venait de le percuter avait connaissance de lui, s'intéressait à sa personne. Regardant le garçon qui lui faisait face avec ébahissement, le Serpentard détailla avec curiosité l'individu tout en ramassant ses livres, ses gestes un peu hésitant. Assez grand et les cheveux bruns en bataille, il arborrait les couleurs bleus des serdaigles mais semblait méfiant, sursautant aux moindres bruits comme s’il était une bête traquée, un peu comme un serpentard quoi. Bleu comme ses yeux d’ailleurs... Se crispant sur cette pensée, il se mordilla nerveusement les lèvres et baissa les yeux, attrapant vivement ses livres en reculant.

Un serdaigle conciliant, un élève dangereux ou quelque peu masochiste pour oser s’intéresser de près ou de loin à un serpentard. Il n’avait vraiment pas peur des rumeurs celui-là... Le mieux à faire pour ne pas aggraver les choses et lui donner l’envie de lui parler et l’approcher encore plus. Trop près de lui...

- Euuh... Hmm... Oui ça va, marmonna-t-il en serrant fortement ses livres contre son torse, gardant les yeux à terre en le regardant nerveusement.

Mathieu n’était pas aussi frêle qu’on pourrait le croire à son caractère effacé, ni aussi effeminé que les préjugés communs à propos des gays. Cependant ce n’était pas une armoire à glace, ni taillé batteur de quidditch. En fait il était stylé dans la moyenne, un peu de muscle discret, pas de bourrelet ou des os visibles. De toute façon, hormis l’équitation, il n’aimait pas les sports n’étant pas vraiment très doué pour ça, préférant la lecture et les études parce qu’il se sentait beaucoup mieux comme ça.

Mais, même en étant bien sculpté, de taille et corpulence moyenne, ça ne l’empêchait pas de faire profil bas pour ne pas se faire remarquer ni utiliser ou quoique ce soit d’autre. Ce qu’il faisait d’ailleurs avec l’autre présent dans la bibliothèque, dans le rayon où ils venaient de se percuter. Là, maintenant, de suite.

Cependant... Il venait d’une grande famille et on lui avait apprit la politesse, ce qui revenait à dire qu’avant de faire un repli stratégique, Mathieu se devait de lui rendre la pareille.

- Et... Hmm tu ne t’ais pas fait mal au moins? Demanda-t-il en refusant de croiser le regard, guettant autour de lui pour que personne ne les regarde discuter ou ne vienne vers eux.

{No problemo, boy Il en faudra plus pour me faire fuir, vu ce que je subis avec Andy}

Je ne pouvais m'empêcher d'inspecter les environs, et ce pour deux raisons : 1. m'assurer que mon mystérieux stalker ne m'ait pas suivit. 2. voir si je ne pourrais pas trouver ma jolie Lullaby ou ce cher Alexander. Pas pour passer du temps avec eux, non ! Plutôt pour les appeler à l'aide.

Bon, je sais que c'est débile d'être aussi paranoïaque, surtout quand on sait que vraiment personne ne se balade dans le coin. Mais raisonner ne m'empêchait, curieusement, pas de me calmer.

Alors, je centrai mon attention sur le Serpentard en face de moi et l'écoutai un peu plus attentivement. Il était plutôt bien fait de sa personne, mais semblait un peu timide, tout de même. Oui, timide. Parce que ça m'étonnerait que quelqu'un de ma corpulence puisse l'effrayer. J'suis peut-être musclé, mais je ressemble pas non plus à Hagrid !

- Tu es sûr ? m'inquiétai-je.

Il faut avouer, que quand je bouscule quelqu'un, j'y vais pas de main morte, et avec beaucoup de cœur. Sinon, c'est pas drôle me diriez-vous. Mais c'est vrai que quand je m'intéresse à la douleur qui pulse au bas de mes reins, je peux vous certifier que ce n'était pas une petite collision. Ça fait mal ce truc !

Discrètement, je m'assurais que j'avais encore un dos. Ah, oui, effectivement. Alors, y'a pas de problème !

- Hm ? Qui, moi ?

En un sens, il va pas demander ça au meuble, hein...

- Euh... Rien de grave, ça peut aller, merci !

Je lui adressai un sourire rassurant, même si je voyais pas vraiment en quoi il pouvait s'y intéresser.

Et la politesse, alors ? Abruti...

Bon, effectivement. Je la ferme.

Je récupérai ma propre charge littéraire que j'avais lâché lorsque j'avais percuté le rebord, et la pressai contre ma hanche, faufilant ma main dans sa poche.

- Euh... Est-ce que ça te dérange si je squatte ta table ? demandai-je nerveusement.

M'asseoir à une table sonnerait comme une invitation pour certaines personnes cherchant un Serdaigle en, 7° année comme moi. Et de toutes façons, à cette heure, les tables sont quasiment toutes prises. Et puis, au pire, je pourrais toujours me cacher dans un coin sombre loin de Mme Pince pour lire en paix...

Bah voilà ce qu’il récoltait à paraître bien poli et bien éduqué, l’autre trouvait l’ouverture pour vous faire la conversation et s’incruster dans votre quotidien. Se frappant mentalement la tête, il regarda d’un air paniqué autour de lui, espérant trouver une porte de sortie sans aucun succès d’ailleurs.

- Hm oui ça va très bien, j’suis sûr, murmura-t-il en se grattant la nuque, ignorant la petite douleur lancinante de son coccyx.

Au vu de son tortillement, lui n’avait pas dû se louper et Mathieu se surprit à compatir un bref instant avant de se reprendre, continuant de se gratter la nuque et de replacer ses mèches de cheveux en réfléchissant à la tournure de la situation. Situation qui ne lui était pas vraiment favorable selon son point de vue… Lui qui adorait la solitude, le voilà fourré avec un serdaigle qui semblait fuir vivement quelqu’un.

Sans savoir vraiment pourquoi, le serpentard se dit que l’autre lui ressemblait un peu avec son air de bête apeuré, d’animal traqué. Mais un serpentard n’est pas compatissant et aidant ! Enfin s’il ne l’aidait pas, Mathieu avait peur d’avoir des ennuis, ce qui était à peu près chose courante en fait…

- Euh eh bien… C'est-à-dire que... Euh hm... Je… Hmpf oui bien sûr tu peux venir si tu veux… Souffla-t-il en lui indiquant d’un geste de la tête de le suivre.

Il était vraiment stupide, Mathieu tendait la perche pour se faire battre, il n’y avait vraiment pas moyen. Marchant tranquillement vers sa table, le serpentard ne cessa pas de regarder partout autour de lui pour bien vérifier que personne ne le regardait en compagnie de l’autre élève. Les rumeurs qui pourraient en résulter ne donnaient jamais de bonnes conséquences, surtout pour lui qui était un vert et argent.

Le guidant dans un coin obscure et oublié de la bibliothèque, le petit coin secret de l’héritier Lestranges d’ailleurs, il lui indiqua la place en face de lui avant de s’asseoir à son tour, plongeant son nez dans ses livres et ses parchemins en grommelant d’avance : la divination, quelle plaie tant c’était inutile. Sa plume grattant ses rouleaux avec force et rapidité à mesure que ses yeux dévoraient les lignes des vieux livres craquants de poussières, Mathieu en oublia presque son compagnon du jour.

Je faillis un instant sourire ou au moins lâcher un petit rire en l'entendant bafouiller, mais je me ravisai : ce n'était pas génial génial de se moquer des gens et puis, il avait eu si ce n'est la gentillesse, au moins l'amabilité de m'accepter à sa table alors qu'il n'avait aucune raison de le faire.

- Merci, tu me sauves la vie !

Je sais que c'est pas la meilleure idée de dire ça, car il y était sous-entendu que j'avais une dette envers lui. Mais ça ne me dérangeait pas plus que ça.

Je lui emboitai donc le pas, ne pouvant m'empêcher de jeter quelques petits regards derrière moi pour m'assurer que personne ne me voyait. Personne ne pouvant vendre ma cachette, évidemment. Je n'étais d'ailleurs pas le seul, mon guide faisant de même. Mais après tout, c'était normal, c'était un Serpentard et il était supposé mépriser les autres maisons. Moi-même, je pourrais ne même pas lui adresser la parole. Lestranges, c'était le nom de quelques-uns des mangemorts qui ont participé à l'attaque où mon père avait perdu la vie, me laissant bêtement orphelin. Mais, si il fallait que je fasse la tronche à tout leurs enfants, ce ne serait rien d'autre qu'une preuve d'immaturité, de Gryffondor attitude, quoi.

Je souris en apercevant la table où j'allais pouvoir patienter. J'aimais bien moi-même m'y arrêter, particulièrement lorsque Alexander devenait trop lourd. Lui, ou un autre lourdaud cherchant à tout prix à s'assurer que j'étais aussi porté sur les hommes que disait la rumeur.

Après, étonnez-vous que je passe la plupart de mon temps libre le nez plongé dans des grimoires de sortilèges !

L'entendant grommeler, je relevai le nez du fabuleux ouvrage dans lequel je m'étais plongé. "Divination". Très peu pour moi. Je ne crois plus au hasard et encore moins aux prédictions. Je ne pouvais donc en aucun cas l'aider, malgré que ce ne soit pas l'envie qui me manque...

Recentrant mon attention sur ma lecture, j'invoquais du matériel d'écriture et griffonnais quelques infos bien pratique.

Lui sauver la vie ? Il en avait de bonne le Gryffondor, il le prenait pour un agneau ? Comme un bon Samaritain peut-être ? Tsss, s’il croyait que Mathieu faisait ça de bon cœur, il se fourrait le doigt dans l’œil et ce jusqu’au coude ! Et puis son devoir de divination qui n’avançait pas… Mais qui avait eu la subtile idée d’inclure cette matière complètement pourrie dans un programme scolaire aussi sérieux, hein ? Comme si les gens allaient regarder le programme de la journée à venir dans le marc de leur tasse de café, stupide !

Grommelant de plus belle, il claqua violemment le livre de divination en roulant son rouleau pour le jeter dans sa besace et se frotta les tempes.

- Mais quelle matière complètement illogique et horripilante… Grogna-t-il en fermant les yeux. Si je tenais l’idiot qui a décidé de l’inclure dans le programme scolaire, je me ferais une joie de l’étrangler jusqu’à le voir se teindre d’un joli bleu turquoise d’asphyxie, rajouta-t-il en fusillant du regard tous les livres de divinations.

Le point positif, néanmoins, était que son devoir était ENFIN terminé et Mathieu pouvait ENFIN respirer tranquillement. Il aimait moyen l’astronomie mais c’était beaucoup plus supportable de travailler cette matière là que la divination, et puis l’étude des étoiles étaient beaucoup plus intéressante que les feuilles de thé, les boules de cristal obscures ou les cartes. Se frottant les yeux, il regarda un bref instant son collègue qui semblait plongé dans les livres des créatures magiques.

- Je reviens, dit-il tout bas à l’encontre de son camarade avant de récupérer ses livres pour aller les ranger à leurs places.

Déambulant dans les rayons comme il les aimait, respirant avec douceur l’odeur du papier, de l’encre et de la poussière, vieille sagesse attendant patiemment un lecteur qui voulait comprendre et apprendre le monde qui l’entourait. Une sagesse endormie et attentive que Mathieu adorait de tout son saoul, qu’il lisait avec une soif de connaissance intarissable et il traitait les livres avec grand respect, s’attirant les bonnes grâce du dragon de l’endroit, Dame Pince.

Une fois les livres posés, il se faufila discrètement jusqu’au rayon astronomique, attrapant rapidement ce dont il avait besoin sans se faire repérer des autres élèves pour ensuite regagner sa table où l’attendait toujours patiemment l’autre élève. D’ailleurs il n’avait toujours pas bouger depuis tout à l’heure, étonnant… Peut-être qu’il appréciait la compagnie de Mathieu ?… Non, on parlait d’un serdaigle quand même, ils étaient peut-être plus sage que les gryffondor mais lui n’en restait pas moins un serpentard et le descendant des pires mangemorts.

- Je suis de retour… Murmura-t-il tout bas, ne sachant pas vraiment pourquoi il disait ça mais le disant quand même.

Attendait-il quelque chose de la part de l’étrange serdaigle qui paraissait tant désespéré de sa situation qu’il a eu l’étrange folie de s’abriter auprès d’un serpentard fiché comme dangereux à cause de sa famille ? Mathieu n’en savait rien mais il espérait réussir à se concentrer sur son prochain devoir.

Je sursautai alors que les vibration provoquée par le claquage du bouquin se répercutait, surpris durant ma pleine concentration. Je tentais, vainement, de calmer les battements affolés de mon pauvre cœur.

- Au moins, on est d'accord, sur ce fait là, fis-je pensivement. Sérieusement, comment peut-on forcer des personnes à "ouvrir son troisième œil" ? C'est tout simplement insensé !

Je restai le regard obstinément tourné sur les mots inscrits, m'amusant à léviter ma plume pour écrire, sans la regarder. Un moyen d'apaiser comme un autre. Un moyen d'entrainement comme un autre.

- Joli programme, au passage...

Oui, bon, on peut très bien détester les morts inutiles et aimer donner son avis sur une idée en amenant. Je ne peux pas me vanter que le Choixpeau a hésité à me placer chez les Verts et Argents, mais je peux affirmer que j'aurais pu y être.

Zou... Retour aux strangulots, Mr Jardel !

Je hochai la tête pour lui faire comprendre que je l'avais entendu alors que mes yeux dévalaient la description de ces êtres vivants dans les profondeurs aquatiques. Ces derniers m'écœuraient un peu, mais j'avais pour principe de vouloir connaître tout ce et ceux qui pouvaient probablement m'entourer.

Alors qu'il me prévenait de son retour, je levais à nouveau la tête en-dehors de mon ouvrage et plongeai mes yeux gris-bleu dans les siens, qui étaient d'un beau brun sombre.

- Euh... Loin de moi l'idée de te contrarier, mais... tu es sûr qu'une personne asphyxiée vire au turquoise ?

Quand on vous dit que la curiosité peut être malsaine, tiens...

On est jamais déçu d’une discussion avec un serdaigle, surtout ceux de septième année car leurs connaissances étaient assez larges, diverses et passablement amusantes quand on avait l’art et la manière de guider une conversation.

- Il n’y a aucune rationalité dans le fait de déclarer avec sérieux à un élève « d’ouvrir son troisième œil », c’est tout à fait ridicule et insensé. Et puis ça va nous servir à quoi plus tard hein ? T-tu regarderais ton avenir dans ta tasse de café le matin une fois le cours sur le marc de café terminé ? C'est complètement stupide...Fit Mathieu sans oser affronter le regard de l’autre.

Au moins s’entendaient-ils bien sur un point tous les deux, le moment ne sera donc pas conflictuel. Cependant, ça restait un instant serdaigle-serpentard et le vert-argent se demandait encore combien de temps avant que l’autre ne lui fasse une crasse, verbale ou physique, à cause de ses origines. Et puis il avait eu la jouissance de voir l’autre prendre peur à cause de son coup d’éclat, une petite bassesse pour compenser son pic d’angoisse paranoïaque depuis le heurt dans le rayon tout à l’heure.

Souriant discrètement, il se rassit et ouvrit les livres, soupirant de soulagement parce qu’il passait ENFIN à autre chose que ce premier devoir insignifiant et qu’il rêvait de faire manger au professeur par les trous de son horrible nez. Mais là, son devoir traitait des étoiles, ces astres divins qui le fascinaient tant bien qu’il reprochait le manque de pédagogie à l’enseignant. Enfin un reproche qu’il n’avait jamais dit à haute voix non plus hein ? Il n’était pas suicidaire non plus et il avait trop besoin de réussir du premier coup toutes ses années scolaires pour oser sortir du rang en faisant des crasses à l’équipe enseignante parce qu’il n’était pas d’accord avec eux. De toutes façons, ses parents trouveraient le moyen de le faire plier à leurs désirs, donc à le faire exécuter une scolarité parfaite…

Alors qu’il allait commencer son second devoir, Mathieu sursauta légèrement à l’entente de la voix rauque et velouté de son coéquipier du jour et se retrouva, sans vraiment le vouloir ou l’avoir prévu, ses yeux chocolats dans le regard joliment grisé de son camarade.

- Euuh… Hm eh bien au moins il sera bleu non ? Et puis avec un sortilège il sera turquoise ce vieux machin poussiéreux, rajouta-t-il boudeusement : il était vraiment allergique à tout ce qui touchait de près ou de loin à la divination. Limite la plaque d’urticaire avec ce cours… murmura-t-il en attrapant sa plume et fouillant son sac pour récupérer des parchemins, fronçant les yeux en remarquant qu’il en avait peut-être plus finalement.

J'esquissai une grimace légère.

- En fait, je n'aime pas le café. Mais de toutes façons, le marc de café, ça ne se fait plus depuis les cafetières magiques ! Et cela date de plus d'un demi-siècle... soupirai-je en haussant légèrement les épaules. Mais en un sens, c'est un peu comme ces femmes qui lisent leurs horoscopes en prenant le petit-déjeuner, tout n'est qu'une question de croyances... Ma mère, elle y croyait dur comme fer...

Je refermai mon poing sur ma robe de sorcier tout en serrant les dents. Je m'étais souvent tenu comme responsable de la mort de ma mère. Après tout, n'avait-elle pas donné sa vie en échange de la mienne ?

- J'suis sûr que le sien d'horoscope disait que c'était pas le bon jour pour fonder une famille...

Je soupirai et refermai brutalement l'ouvrage sur lequel j'étais penché avant de lâcher un gémissement de douleur, ayant laissé un doigt entre ces pages manuscrites. Grommelant face à ma stupidité, je le retirai et le portai à ma bouche avant de changer de livres.

La malchance me poursuit aujourd'hui ou quoi ?

- Pourquoi as-tu pris cette matière, si tu ne l'aimes pas ? m'étonnai-je.

Après tout, il était possible d'abandonner la matière en cours d'année, si l'envie se ressentait..

Personnellement, j'avais pris Runes et Étude des Moldus. Simple, utile, et me permettant d'élargir mes connaissances tout en approfondissant d'autres. Le must, quoi !

Notant du coin de l'œil la situation de mon voisin, je poussai vers lui mes rouleaux de parchemins vierges. On m'avait souvent reproché mon trop grand cœur, mais ce n'était pas entièrement de ma faute. J'ai été éduqué ainsi. Ce sont mes bases. La rancune ne sert à rien, hormis ternir son cœur. Un des principes que j'estime fondamentaux en mon esprit. Je suis comme ça. Un crétin de Serdaigle, émotif comme un Poufsouffle, rusé comme un Serpentard. Mais je n'ai aucun trait Gryffondor, je crois.

Mathieu jugeait qu'il avait vraiment beaucoup de chance d'être tombé sur ce serdaigle-là en particulier, qui paraissait vraiment très rationnel et posé dans ses discours: le serpentard connaissait bon nombre de bleu qui adorait cette stupide matière, la trouvant logique et particulièrement censé. Ceux-là, le vert et argent se demandait comme le choixpeau magique avait pu seulement osé les mettre dans la maison la plus savante du château, trop de poussière sur son étagère sûrement.

Haussant les épaules, il se reconcentra sur son invité du jour et finit par lui adresser un léger sourire face à sa politesse et à son doigt coincé (moment très drôle même s'il ne le montra que peu), un sourire hésitant mais pas faux ni mensonger, un sourire de serpentard introverti si l'on pouvait dire.

- Je n'aime pas non plus le café, je trouve ça trop amer et puis ça me rend malade quand j'en bois, dit-il simplement, regardant fixement le rouleau de parchemain que le serdaigle lui tendait comme s'il allait lui sauter dessus et le manger tout cru. Je bois un bol de chocolat chaud et on ne voit pas l'avenir dedans, j'ai bien vérifier, rajouta-t-il avec mépris.

Marc de café, feuilles de thé, cartes, boules de cristal, horoscope... Et puis dans le cas où ça marchait, qu'est-ce que cela rapportait au final puisque, du fait que l'on sait ce qu'il va nous arriver, nos actions vont forcément différer et donc changer le cours des choses, donc forcément l'horoscope ne sert plus à rien. Et il répéta mot pour mot son raisonnement au serdaigle, gardant quand même profil bas parce qu'on ne savait jamais.

- La divination ne sert strictement à rien, cependant ce n'est pas l'avis de... de mes p-parents, ils croient beaucoup à ce genre de chose à mon plus grand désespoir, rajouta-t-il plus bas, la mine triste et frustrée.

A cause des attentes de ses parents, Mathieu était peu libre de ses mouvements et toujours obligé de suivre ce que ses parents lui ordonnaient, et sa présence était plus que souhaité en divination alors que lui souhaitait suivre le cours de Runes par exemple, une manière qu'il jugeait bien plus noble et plus intéressante que cette stupidité extra-lucide.

- Il ne faut jamais regretter le passé et si t-tu es... Hm si tu es là c'est parce qu'elle avait assez d'amour pour le partager avec toi, d'où ta présence dans cette réalité, dit-il d'un ton hésitant: Mathieu se demandait s'il n'abusait pas un peu, après tout il n'était pas son ami. Je suis sûr qu'elle t'aime profondément et qu'elle s'en fichait de cette horoscope quand elle a décidé de t'avoir dans sa vie, rajouta-t-il d'un ton plus léger, cachant sa jalousie de ne pas avoir eu d'enfance normale et de parents sincèrement aimant.

Il n'avait et n'aurait jamais le choix, pas avec une ascendance familiale pareille: il se devait d'être excellent, à la limite même de la perfection. Répondant interrogations du serdaigle de façon intérieur: il regrettait horriblement son passé et n'avait pas le choix que de suivre cette stupide matière. Regardant une nouvelle fois le rouleau de parchemin que lui tendait son voisin, Mathieu finit par les prendre d'une main tremblante, ses doigts effleurant par mégarde la peau chaude du serdaigle, faisant sursauter le vert et argent d'angoisse et de surprise... et d'une pointe de désir.

C'était malheureusement quelqu'un de très seul et amer, et chaque jour il regrettait cette situation qu'on lui imposait. Il n'avait pas demander à être ce qu'il était, on le lui avait imposé et à présent il subissait. Pas d'amour, pas de chaleur d'un corps, pas d'amitié, pas de lien... Juste les cours... Soupirant faiblement, Mathieu récupéra sa main et commença la rédaction de son second devoir, comme si de rien n'était, juste un silence un peu lourd.

{Désolé de ce bout de rp YY)

"Mon doigt.... Beuheuheu" geignis-je en mon for intérieur.

Je le suçotais toujours, cherchant à oublier sa couleur violette qu'il revêtait. C'est pas possible d'être aussi bête et maladroit ! La preuve que si, tiens...

Bref.

- Tu es sûr ? fis-je en mimant une mine scandalisée. La poudre de cacao ne t'a pas encore dévoilé ton futur ? Mais qu'attends-tu donc pour ouvrir ton troisième œil ?!

Je lui adressai un large sourire moqueur.

- Eum... Oui, mais parfois aussi, on provoque la prédiction sans le savoir... Donc on peut dire que les voies du futur sont impénétrables...

Je grommelai dans mon coin, mon index toujours fiché dans la bouche et en train de feuilleter un autre ouvrage sans trop y prêter attention, l'esprit focalisé sur les propos du jeune garçon face à moi. Si si, ses propos.

- Mboaf... Fis-je, peu convaincu. N'empêche que je suis maintenant obligé de trimer dur pour être sûr de ne pas avoir à retourner à l'orphelinat à la fin de l'année... Il faut que je trouve un métier ou des études rapidement...

Si le Choixpeau magique m'avait collé à Serdaigle, je pense que c'était plus par le fait qu'il allait me falloir beaucoup de recherches et d'aides que je ne pouvais trouver que dans cette maison-là. Pour le reste, il paraitrait que j'aurais eu une bonne place chez les Serpents... Mais bon...

Je lui souris lorsqu'il prit le morceau de parchemin, et élargis un peu plus ce sourire en le voyant sursauter.

Rétractant mon bras, je me plongeai dans ma lecture, tranquillement, sans pour autant ne pas lui jeter quelques coups d’œil par dessus la reliure.

Spoiler:

Il était vraiment stupidement drôle celui-là et Mathieu finit par se laisser aller en sa compagnie, éclatant d’un rire clair à l’annonce de ses paroles sur le cacao, le regardant avec surprise et malice.

- Tu es quelqu’un d’amusant, finit-il par lui dire après avoir reprit son souffle, se frottant l’abdomen, un peu courbaturé d’avoir rit alors que c’était un phénomène plus que rare et qui s’en ressentait. Et non mon cacao ne me raconte jamais rien à part chanter mes louanges au sortir du lit, rajouta-t-il en lui faisant un clin d’œil joueur.

De toute façon Mathieu était intransigeant : il n’aimait et n’aimerait jamais cette matière-là, et il n’aurait jamais la note maximale au grand damne de ses parents. Haussant vaguement les épaules, le Serpentard étouffa un bâillement avant de s’étirer un peu, reprenant sa plume pour continuer ses devoirs sans cesser de prêter attention à son colocataire qui se révélait être un compagnon très rafraîchissant et agréable.

Ainsi donc il était orphelin… Mathieu ne savait s’il valait mieux être comme Joachim ou avoir une famille comme les Lestranges… De bien étranges pensées tout ça.

- Tu fais partit de la maison des Serdaigles, je suis convaincu que tu réussiras parfaitement, répliqua-t-il sur un ton très serpentarien, le menton levé et un léger rictus aux lèvres, confiant de ses dires : ce n’était pas n’importe qui chez les bleus même si certains laissaient à désirer.

Laissant planer un silence assez paisible, Mathieu reprit son travail mais d’une manière assez distraite puisqu’il sentit le regard de l’autre sur lui. Finissant par soupirer, il releva la tête en cachant ses rougeurs derrière sa plume.

- Tu n’arrêtes de me regarder, il y a un problème ? Demanda-t-il avec curiosité.

Sans rien dire, je lui tirai puérilement la langue suite à sa remarque chocolatière, ne préférant pas m'avancer sur un tel terrain glissant.

Retournant à ma lecture, je tâchais de m'y absorber, difficilement, un rayon de soleil paressant sur la page, me donnant envie de farnienter un bon coup. Mais je savais que je ne devais SURTOUT pas me laisser aller. Manquerait plus que je déconne un peu trop longtemps et que ces six dernières années s'envolent en fumée ! C'est dans ces moments-là que je peux remarquer à quel point tout est éphémère.

Grattant le bout de mon nez, j'inscrivis mentalement les différences entre un Kappa et un Chaporouge. Si l'un n'était pas du programme, l'autre était de celui de 3° année. C'était donc plus par désir de culture générale, qu'autre chose.

- Tu sais, les caractéristiques typiques de notre maison ne s'appliquent pas forcément à tous. On ne peut pas tous être formaté exprès pour telle ou telle maison. Ce serait impossible, soupirai-je. Regarde, bien que c'en est une généralité, tout les Gryffondors ne sont pas complétement demeurés, et Andy n'est pas intelligent. Il aime juste le savoir. Il est cultivé, comme beaucoup de Serdaigles.

Je jouai avec le rayon du doigt, les yeux perdus dans le vague, avant de les diriger à nouveau sur mon interlocuteur. Il était assez joli garçon, cela allait sans dire. Je n'étais pas de notoriété gay, voire bi, à la limite, mais je n'étais pas totalement insensible à la beauté, quelque soit le sexe de la personne la possédant. Je laissai mon regard voguer sur ses traits. Et, lorsqu'il m'adressa à nouveau la parole, je ne ratai pas le rose qui lui vint aux joues.

- Hm ? Non, aucun problème en particulier. Je me disais juste que tu étais plutôt beau, lui avouai-je franchement et sans arrière-pensée.

Apparemment il avait renoncé à le suivre dans la blague du cacao, préférant zieuter le rayon de soleil avec un œil plein de tentation. En même temps, qui assez sain d’esprit résisterait à la douce chaleur de cet astre ? Personne sauf les noctambules et les allergiques… Continuant de faire ses devoirs, Mathieu ne cessa pas pour autant de le regarder du coin de l’œil, finissant par carrément relever la tête quand il se mit à parler des gryffondor.

- Andy ? Comme Adonis Anderson ? Le gryffondor ? Demanda-t-il un peu perdu : c’était quoi le lien entre les Serdaigles et l'amour secret de sa vie?

Mais Mathieu fut rapidement distrait par le silence et le regard presque déshabilleur de Joachim, faisant peu à peu rougir le Serpentard qui n’était pas très à l’aise avec ce genre de chose alors qu’il passait 90% de son temps libre seul. Mais ce qui le tua fut la franchise désarmante du Serdaigle… Non mais il ne pouvait pas mettre des formes dans ses paroles ?! Détournant brusquement le regard en rougissant furieusement, Mathieu se gratta nerveusement la joue en se demandant ce qu’il devait dire ou faire à présent…

- Tu pouvais pas être un peu moins direct, grogna-t-il en fixant le mur comme si c’était le paradis en personne !… Attends voir : tu me fais des avances là ?! S’exclama-t-il en le regardant avec des yeux ronds, choqué et rougissant.

Je souris.

- Nope, Andy comme Alexander Blake, l'abruti fini de Serdaigle ! Je ne connais pas trop ton Gryffondor, désolé...

Je ne suis pas Merlin, moi, je ne connais pas tout le monde...

Je haussai un sourcil alors qu'il rougissait. Avais-je fait ou dit quelque chose de mal ? C'est vrai que souvent des proches me mettaient en garde contre ma trop grande franchise... Mais j'avais fait et élevé ainsi. Les mensonges étaient lourds à porter malgré le fait qu'ils étaient indiscernables dans mes paroles. Mais derrière, il y avait le lourd tribut de la culpabilité à porter.

Après tout, la sagesse et le savoir n'étaient-ils pas dans la vérité ?

Mais, bref. Nous ne sommes pas là pour philosopher.

Je continuai de l'observer comme précédemment -après tout, il ne m'a aucunement interdit de le faire, alors zut !- nullement honteux.

- Ça te gêne ? Pourtant, ce n'est que la stricte vérité.

Je marquai une pause et regardai ailleurs, réfléchissant un peu.

- Hum... Non. Ce ne sont pas des avances. Enfin, je crois. Pourquoi ? Tu es intéressé ?!

Je lui offris un sourire sincère, l'encourageant à la confession.