Prises de têtes? (PV libre)

Il voyait les paysages défiler par les fenêtres du train, la pluie froide battant la vitre à même temps que les souvenirs des paroles de ses parents grêlaient sa tête: le même discours chaque année, ils n'innovaient pas et répétaient sans cesse la même chose tout au long de ses jours d'écoles. Être classé dans les meilleurs, être dans les petits papiers des professeurs, ne pas se faire remarquer et rester loin, très loin des ennuies. 7 ans que c'était comme ça, pourquoi ça changerait alors que tout ce qu'ils voulaient c'était redorer le blason familiale: Lestranges, un nom maudit, craché, humiliant... Le sien à lui, Mathieu Lestranges, élève de Serpentard et descendant des Mangemorts les plus cruels.

Il n'y avait pas à dire, le temps gris et maussage lui allait bien en tête, surtout au vu de ce qu'il ruminait depuis qu'il s'était levé le matin. Un mélange d'impatience et d'exaspération, d'angoisse et de lassitude, tous les ans c'était la même chose et il n'en pouvait plus, il en avait assez d'eux, il voulait respirer et souhaitait qu'on le voit lui en tant que Mathieu et non en tant que l'héritier qu'il représentait pour ses parents. Peut-être que ça changerait les choses cette année... Posant sa tête contre le dossier, Mathieu regarda le plafond, ballotant légèrement sous les roulis du train, ignorant les cris et les cavalcades dans les couloirs du train, s'efforçant de tout oublier.

Soupirant, il ferma les yeux et laissa le temps défiler sans tenir prise, souhaitant de tout coeur réintégrer son lit et dès le lendemain, sa bibliothèque, son refuge, sa liberté. Le seul endroit où il était lui en toute liberté, où les livres lui souraient sans préjugés, si tant est que puisse sourire un livre. Lorsqu'il rouvrit les yeux, il se trouvait assis sur une place éloignée des autres, la répartition venait de terminer et le dînait était servit. Multiples choix de nourriture et bruyants bavardages insipides, Mathieu prônait le silence et la discrétion, souhaitant s'éloigner de cette source de bruit qui le rendait mal à l'aise, mangeant de façon mécanique, sans se rendre compte de la saveur des aliments.

Il était seul dans son coin, ça lui plaisait, mais trop de bruit le rendait plus timide que jamais. La tête basse, les épaules voûtées, les yeux centrés sur son assiette.

Nathaniel Godeffroy. Un Serpentard intelligent, très beau, qui aimait s'afficher. Une personne que Mathieu respectait en silence, le silence le caractérisant de toute façon. Sursautant légèrement lorsque son camarade l'interpela, Mathieu redressa la tête pour le regarder avec curiosité, le visage impassible malgré ses yeux pétillants d'intérêt, se demandant ce qu'on pouvait bien lui vouloir alors qu'il désirait uniquement prendre la tangeante au plus vite, loin de tout ça.

Blonds aux yeux bruns, il était plus grand que lui et bien plus musclé; la peau blanche et le visage carré, volontaire et franc. Il était très beau et n'avait presque rien à envier à Alexander, le préfet des Serdaigles. Un sourire charmeur et hautain, méprisant pour toutes les personnes qui n'étaient pas des Serpentards... D'ailleurs, Mathieu se demandait s'il la solidarité serait de mise dans la maison des verts et argents cette année encore ou si les rumeurs de renaissance de mangemorisme allait tout briser, plongeant chacun dans la peur et la suspicion.

Se reprenant, il se concentra sur Nathaniel et sur ce qu'il lui demandait, pencha légèrement la tête sur le côté pour lui montrer qu'il l'écoutait avec attention, offrant au blond un discret mais sincère sourire. Il lui était reconnaissant de se soucier de lui, d'essayer de le dérider, de faire qu'il existe un peu.

- Une poussée de bouton sur le nez? Suggéra-t-il à voix basse, baissant un peu les yeux vers la table en plissant un peu le nez, pas très à l'aise dans l'intéraction entre deux ou plusieurs personnes.

Il était une jeune homme en pleines possessions de ses moyens et un bel homme lui faisait face donc il n'allait pas rester impassible, alors autant éviter de se ridiculiser en rougissant comme une vierge. Se reconcentrant sur son compagnon, il lui sourit un peu plus d'un air hésitant en continuant de manger.

- Une nouvelle année commence, t-tu crois qu'elle sera meilleur? Murmura-t-il en se concentrant de façon illusoire sur son assiette.