Mathieu Lestranges (terminé)

IL ÉTAIT UNE FOIS...

D’aussi loin qu’il s’en souvienne, Mathieu ne connait que l’environnement sécuritaire du Manoir principale des Lestranges et ses jardins, serres, parcs, lacs…. Toute sa vie il ne l’a passée qu’entre ces murs, passant aux mains de divers précepteurs et voyant peu son père, homme d’affaire voulant refaire la réputation de sa lignée, au contraire de sa mère qui l’étouffait sous les attentions maternelles en tout genre dès qu’elle revenait de voyages de charité ou de défilé de mode…. La vie de dehors il ne l’a connaissait qu’au travers des discours moralisateurs de ses parents, les gens et ce qu’il se passait dans les rues étaient inconnus à lui et son savoir, il ne connaissait rien de tout ça mais les livres et les enseignements qu’il recevait, il les connaissait presque parfaitement. Il a toujours été solitaire et seul les livres lui permettaient de s’évader, il avait dévoré avec avidité toute la bibliothèque familiale, il vivait dans le silence puisqu’il était toujours seul : un Sang-Pur n’avait que des amis Sangs-Purs, seulement il n’y en avait pas beaucoup qu’il voulait être vu avec sa famille, alors il passait son temps dans les livres et les enseignements de ses précepteurs. Etant fils unique, les parents de Mathieu avait très vite exigé le meilleur de leur enfant, le poussant à aller toujours plus loin dans l’ambition qu’ils avaient pour lui : redorer le blason familial, un but commun et quelconque mais nécessaire pour les familles déchues, comme celle des Lestranges.

Quel enfant ne ferait pas plaisir à ses parents par amour ? C’est ce qu’il fit et il travailla dur pour satisfaire ses parents, ne comprenant pas vraiment pourquoi mais le faisant quand même, ayant toujours les meilleurs notes lors de ses examens même si ce n’était jamais vraiment assez puisqu’ils demandaient la perfection, une personne de leur rang était parfait. Ignorant les mimiques écœurées et les chuchotis mesquins des employés parce qu’il était trop jeune et ignorant des faits, Mathieu finit par comprendre le pourquoi de cette « mission » dont il a été investit après son métier premier d’héritier de la lignée principale. Le jour où il reçut sa lettre d’inscription pour Poudlard, faisant le bonheur de ses parents, ces derniers lui expliquèrent comment cela se passera à l’école, les cours et les professeurs, les gens à fréquenter et ceux à ne pas fréquenter, mais aussi quelque chose de très important et qui donnerait le ton à sa scolarité.

Ce fut lors de cette introduction que ses parents, persuadés que leur enfant finirait chez les Serpentards, lui expliquèrent donc que les verts et argents n’étaient pas très bien vu à cause de leur passé de guerre et de violence au travers des siècles, qu’il devrait essuyer des brimades en tout genre durant ses années là-bas, mais que cela serait pire qu’avant au vu de leurs actes de mangemorisme lors de la dernière grande guerre dans le monde sorcier. Ils lui dirent qu’en plus d’être choisit dans la maison des verts et argents, ce qu’ils espéraient en silence puisque c’était le cas depuis des générations et des générations dans leur famille et qu’ils souhaitaient par là qu’il ne les déçoive pas en allant autre part, le nom des Lestranges était particulièrement haït de même que celui des Malefoys parce que leurs grands-parents entre autre, comme Bellatrix et Rodolphus Lestranges, avaient eu une place de choix aux côtés de Voldemort et un rôle prédominant dans toutes les souffrances que reçut le Survivant, héros et élu du monde sorcier, adulé par tous.

Mathieu constata donc rapidement l’animosité qui animait à peu près tout le monde à son égard de par son nom, dès qu’il entra à l’école, comme ses parents lui avaient dit. Dès le premier jour en fait… Et tout au long des années de sa scolarité, il apprit à faire avec, à fondre dans le paysage pour ne pas attirer l’attention ni les ennuis, à supporter le mépris des autres et surtout les mauvaises blagues des Gryffondors qui étaient les pires de Poudlard. Qui pourrait apprécier un descendant de disciple du Mage Noir alors que des rumeurs de plus en plus fortes flottaient dans l’air comme quoi des mangemorts auraient reformé une armée sous l’égide d’un chef qui serait le descendant de Lord Voldemort ? La méfiance, la colère, la peur et la haine ressurgissaient de plus belle, faisant augmenter de plus belle « l’anti-mangemorisme » que tous ressentaient. Après « discipline », ce fut « discrétion » qui domina son être…

Mathieu était déjà quelqu’un de très renfermé à la base au vu de son mode de vie, qui n’affichait aucune émotion, il était aussi lisse et imperméable que le marbre à dire vrai, son arrivée à l’école lui fit comprendre réellement les impacts qu’à son nom de famille sur la société et il se tenait donc en conséquence, encore plus renfermé que d’habitude. Gardant la plupart du temps le silence, il faisait profil bas et faisait tout pour ne pas se faire démarquer, fuyant la compagnie des autres et leurs regards pour ne pas subir de brimade, tel un serpent. Mais une fois que l’on perçait sa carapace de froide indifférence, on remarquait qu’il était une personne comme une autre, un volcan émotif parce qu’il se sentait constamment frustré. Il pouvait très bien éclater de colère tout comme ressentir de la joie, du contentement ou encore de la curiosité vu qu’il était quelqu’un qui adorait tout savoir, il suffisait simplement de savoir quelle corde sensible toucher pour voir ce ciel limpide et sans tâche se froisser d’orage et de tempêtes, de le voir agir et ressentir comme n’importe qui. Quand il était énervé, Mathieu avait le sang très chaud et la frappe facile, perdant sa froide lucidité pour un comportement de brute et d’animal ; quand il était curieux ou amusé, il devenait très ouvert et naturel, babillant avec insouciance, comme s’il était n’importe qui, comme s’il n’était plus un Sang-Pur. La personnalité de ce garçon était basée sur la dualité : quand il apparaissait devant tout le monde, il était impersonnel, mais quand les barrières n’étaient plus là, il profitait de la vie à pleine dent, rattrapant tout ce qu’il n’avait pas pu avoir quand il était plus jeune, et effaçant cette frustration qu’il ressentait face à toute cette crainte et cette haine ou cette folie que tous ressentaient à l’égard de lui et sa famille, les Lestranges, tous catalogués comme mangemorts en puissance alors qu’il ne désirait qu’une chose : être normal.

Mais Mathieu cachait aussi un profond secret dans son cœur, un secret qu’il n’était pas vraiment bon de dévoiler à tous vents, surtout dans l’univers des hautes lignées et des Sangs-Purs, un secret qui tâcherait la perfection qu’il tente d’incarner. Alors qu’il étudiait calmement sous la houlette de son 7ème tuteur pendant les vacances d’été, lors de la fin de sa troisième année à Poudlard, le garçon se mit à se sentir bizarre en sa présence : il avait chaud et peinait à respirer. Il n’avait pas de fièvre, il avait vérifié, mais quelque chose bouillonnait étrangement en lui, l’effrayant et le poussant à quitter précocement le cours, sous la surprise du précepteur. Se réfugiant dans sa chambre, il prit le temps de se reprendre et de se rassurer avant de se tourner vers la source de toute réponse, la bibliothèque ; sillonnant les rayons de livres, s’imprégnant de cette atmosphère un peu poussiéreuse qui le détendait prodigieusement, Mathieu se rendit tout au fond de la salle, vers les sections que ses parents proscrivaient du fait de son âge qu’ils jugeaient encore jeune. Frôlant avec une crainte révérencieuse les œuvres interdites, le jeune homme finit par attraper d’une main tremblante l’ouvrage qui l’intéressait et semblait traiter de son problème, s’asseyant au fond d’un fauteuil dans un coin discret avant de se plonger dans sa lecture, pâlissant de plus en plus en comprenant ce qu’il lui arrivait.

Gay. Voilà ce qu’il était, un jeune homme qui aimait d’autres jeunes hommes. Une atrocité pour les hautes classes alors que la logique des choses dans leur milieu est un homme avec une femme pour assurer la descendance en faisant naître un héritier à la lignée. Si jamais ses parents l’apprenaient… Mathieu ne voulait pas y penser. Il avait déjà trop de chose à faire avec cette révélation, la nier est impossible, ce serait trop visible de le voir… Il devait simplement accepter les choses et faire en sorte que personne ne le sache… Se frottant les temps de lassitude, il sut que cela ne serait pas du tout facile, et ce encore moins à l’école en sachant qu’ils étaient horrible en ce moment… Et puis, après tout il n’était peut-être pas totalement gay : il n’avait eu aucune réaction avec d’autres filles, certes, mais en même temps, aucune fille ne l’avait intéressé, pas assez mature ni intelligente ni intéressé par lui.